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Sorciers et guérisseurs bretons face à la justice de 1800 à 1950

Dernière mise à jour : 5 oct. 2018

Conférence du vendredi 2 février 2018


Prenez un sujet fascinant, parfaitement inscrit dans notre vie locale, sur une période à la fois lointaine et si proche, et surtout une conférencière hors pair, universitaire spécialiste de l’histoire de la justice et de la criminalité en Bretagne, et vous réunissez, par une soirée d’hiver bien peu engageante, un auditoire de plus de 50 personnes immédiatement…ensorcelées par ses propos.



Annick Le Douget rappelle d’abord que le Finistère du XIXème siècle est éloigné des lieux de décision, sous-scolarisé, sous-médicalisé, en particulier le monde rural très enclavé, déshérité et qui conçoit les malheurs à la fois comme châtiments de Dieu et interventions de forces surnaturelles néfastes. La maladie, les blessures physiques, l’angoisse de la mort conduisent donc logiquement les populations vers guérisseurs, rebouteux ou sorciers, tous ces « praticiens de l’ombre », qui exercent à proximité. Mais, depuis 1803, une loi interdit la pratique de la médecine sans diplôme. Voilà pourquoi tous ces thérapeutes empiriques, voire charlatans, se retrouvent parfois au banc des accusés.





Pour Annick Le Douget, les archives judiciaires sont une véritable aubaine qui, au-delà de l’anecdote qui fait sourire ou frémir, permet de dresser un portrait saisissant du passé populaire.







Elle nous présente d’abord le guérisseur possédant un minimum de connaissance du corps, des maladies, des plantes, des gestes. Elle évoque ensuite le sorcier, personnage plus énigmatique, souvent craint, censé posséder le pouvoir de lutter contre les « maléfices » ou la maladie par magie. Pour les juges, les sorciers sont de simples escrocs qui profitent de la crédulité des populations, alors que la justice poursuit le guérisseur principalement pour exercice illégal de la médecine. Mais les peines sont légères en raison, la plupart du temps, d’un réel soutien populaire.


En témoigne plus près de nous en 1951, l’affaire de « Sizorn le bienfaiteur », célèbre rebouteux de Pont-Quéau, dont le procès mobilisera comité de soutien et milliers de manifestants à Quimper . Que soient remerciés ici ses descendants venus apporter leur témoignage à la fin de cette conférence particulièrement riche.





Il faudrait en effet évoquer également certaines méthodes qui nous paraissent bien barbares (vitriol dilué et autres incisions du palais !), la relation à la douleur physique si éloignée de notre sensibilité, le rôle de l’oralité, le poids de l’Eglise, tant d’autres sujets et anecdotes étonnantes que prolonge le passionnant ouvrage d’Annick Le Douget (ISBN 2951289251) .


Sans oublier la lente entrée dans la modernité et ses résistances. Et pourtant, que de progrès, quel confort et quelle ouverture en si peu de générations ! Et pourtant que de permanences, ne serait-ce que dans l’actuel retour en grâce de certaines médecines traditionnelles ou l’invariance de nos peurs et de nos espoirs. A nouveau bravo et merci à notre formidable conférencière de nous permettre ainsi d’apprendre du passé pour mieux réfléchir à ce que nous sommes.



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